Les multiples intérêts de la peau en culture

Le Point.fr 


Elle permet de sauver de grands brûlés, mais elle servira bientôt à réaliser des tests de cosmétologie et à mieux lutter contre le vieillissement cutané.

La peau est un organe à part entière qui forme une frontière mécanique, physique, chimique et biologique entre le milieu interne de l'organisme et son environnement. Sa destruction, lors de brûlures étendues, met en jeu le pronostic vital. Aujourd'hui, les médecins peuvent sauver un grand nombre de grands brûlés grâce aux progrès réalisés dans le domaine de la culture du tissu cutané. L'Inserm vient d'adresser à la presse un dossier consacré aux produits destinés à remplacer ou à assister le tissu sain. Qu'il s'agisse de la peau, des vaisseaux sanguins, des valves cardiaques, des implants dentaires ou encore des ligaments et tendons artificiels, tous font l'objet d'intenses recherches.
Mesurant 4 mm d'épaisseur et atteignant 2 mètres carrés de superficie chez l'adulte, la peau est composée de différentes couches (épiderme, derme, hypoderme) qui abritent de nombreuses cellules spécialisées. Ces dernières accomplissent toutes sortes de fonctions : isolation du monde extérieur, alerte immunitaire en présence de microbes, protection partielle du rayonnement solaire, régulation thermique par la sueur, sensibilité du toucher...
Il est évidemment impossible dans l'état actuel des connaissances de "fabriquer" un tissu aussi complexe en laboratoire. Néanmoins, pour venir au secours de grands brûlés (on en compte environ 5 000 par an en France), les médecins réalisent des cultures de cellules (kératinocytes et/ou fibroblastes) prélevées sur les zones saines de leur malade. Cela leur permet d'obtenir en quelques semaines plusieurs mètres carrés de tissu (épiderme ou derme) et de pratiquer des autogreffes. Le résultat est plus fonctionnel qu'esthétique, mais l'essentiel est alors de sauver les patients.

En 2010, on génère pour la première fois de la peau artificielle

De plus, des peaux artificielles associant derme et épiderme sont également à l'étude pour réaliser des tests en dermato-cosmétique et pour effectuer des recherches fondamentales sur les propriétés de la peau. Il s'agit alors de construire une matrice extracellulaire qui sera colonisée par les différentes cellules cutanées afin de produire à terme un tissu parfaitement biocompatible.
Quant à l'utilisation de cellules souches adultes de la peau, c'est un domaine riche en avenir. En 2010, des chercheurs de l'université de Grenade sont parvenus pour la première fois à générer de la peau humaine artificielle avec un derme composé de biomatériaux de fibrine et autres apportant résistance, élasticité et fermeté qui étaient difficiles à obtenir jusqu'à maintenant. Chez le rat, le tissu cutané créé en laboratoire a montré des niveaux suffisants de biocompatibilité et l'absence de signe de rejet ou d'infection.
Enfin, l'élasticité est une caractéristique importante de la peau. Avec l'âge, le renouvellement cellulaire se ralentit, cette dernière perd de l'épaisseur, de la sensibilité et de la souplesse, elle se fragilise et se déshydrate. La compréhension de ce mécanisme constitue un enjeu important de la recherche en dermato-cosmétique. Enfin, certaines maladies très spécifiques permettent d'étudier la perte d'élasticité et le vieillissement de la peau. C'est le cas de la cutis laxa, le syndrome de la peau relâchée. Cette affection ne touche que deux cents familles environ dans le monde. L'étude des gènes en cause permet de comprendre les mécanismes moléculaires de l'élasticité et d'envisager des traitements pour les malades. Voire des moyens de retarder le vieillissement physiologique du revêtement cutané de chacun d'entre nous.

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